Ernst JUNGER

Il est né le 29 mars 1895 à Heidelberg d’un père originaire de Hanovre et d’une mère Franconienne du sud.  
Ernst Jünger est décédé le 17 février 1998, à presque 103 ans, à Wilflingen, sa résidence Souabe depuis les années 1950. 
 
Devenu célèbre après la publication de ses souvenirs de la Première Guerre mondiale dans Orages d'acier en 1920, il a été une figure intellectuelle majeure de la révolution conservatrice à l'époque de Weimar, mais s'est tenu éloigné de la vie politique à partir de l'accession des nazis au pouvoir. Jusqu'à la fin de sa vie à plus de cent ans, il a publié des récits et de nombreux essais ainsi qu'un journal des années 1939 à 1948 puis de 1965 à 1996. 

La première guerre mondiale

Il se porte volontaire pour le front dès septembre. Le 6 octobre 1914 ; le bureau de recrutement lui envoi sa notification d’appel. Il est incorporé à l’ersatz bataillon du Fusiliers Régiment N° 73.  
Les fusiliers Hanovriens forment un régiment d’élite. Ils sont surnommés les « Gibraltar » à cause de la bande de bras qui orne leurs tuniques (Il servit au sein du 73ème Fusiliers surnommé : « Les lions de Perthes » petit village de la Marne que le régiment défendit héroïquement en 1915. Ils étaient également nommés « Les Gibraltar ». En effet, le 73ème Fusiliers descendait d’un régiment de la garde hanovrienne qui avait tenu la forteresse de Gibraltar contre les Français et les Espagnols de 1779 à 1783.) 
En formation d’octobre à décembre 1914, il est envoyé au front à la fin de l’année et débarque à Orainville sur le front de Champagne le 27 décembre 1914. C’est dans la craie de Champagne qu’il commencera à tenir un carnet de route qui le suivra tout au long de la guerre. Il séjourne dans le secteur du Godat, Phertes les Hurlu et Tahure. En mars 1915 le FR 73 est retiré de la 19 ID. Avec le IR 76 et le IR 164 il forme la nouvelle 111éme ID. Il quitte la Champagne en avril 1915 pour les Eparges (St Maurice sous les Côtes, Combres, Seuzey et Deuxnouds au Bois). Il y est rapidement blessé et profitera de sa convalescence pour devenir aspirant. Il rejoint son régiment à Monchy au Bois et Douchy les Ayettes. Il commence ici une longue période de combat dans ce secteur (18 mois) et exclusivement contre les Britanniques. 
En Novembre 1915 il est promu Lieutenant et commande la 2éme compagnie du FR 73. 
 
Au cours de l’année 1916 il est toujours dans la Somme (Croisilles, Sailly Sallissel, Combles, Guillemont et bois de St Pierre Vaast). 
Il effectue son second séjour dans la Meuse à Seuzey et Deuxnouds au Bois où il reçoit le 16 décembre 1916 la croix de fer de première classe (165 000 décernées pendant le conflit). 
 
En 1917 il est de retour sur la Somme et le Pas de Calais (Villers Carbonnel, Vimy et Arleux en Gohelle). 
En juin 1917 il suit le cour de perfectionnement des Stosstruppen au camp de Sissonnes. L’été 1917 il se bat dans les Flandres à Langemark. 
Il fera son troisième et dernier séjour dans la Meuse d’août à octobre 1917 à Thiaucourt et Régniéville. De retour dans les Flandres en octobre 1917 (secteur de Ypres), il reçoit le 4 décembre 1917 la croix de chevalier de l’ordre des Hohenzollern avec glaives (2 401 attributions en 1917 pour un total de 8291 sur toute la guerre). 
 
Début 1918 il est dans le Cambrésis et il participe à l’offensive Allemande du 21 mars dans le secteur d’Ecoust St Menin, Noreuil et Mory. Il y sera blessé et ne retrouvera le FR 73 qu’au boqueteau 125 dans le secteur de Puisieux au Monts. 
Le 1 août 1918 il reçoit l’insigne des blessés en or. A la fin de la guerre il totalisera 14 blessures. 
 
Son carnet de route s’achève le 19 septembre 1918 sur la remise de la plus haute décoration de l’armée impériale allemande : l’ordre pour le Mérite. Crée en 1740 par Frédéric II, il n’a été remis que 687 fois durant la grande guerre. Il est tout à fait exceptionnel qu’Ernst Jünger ait reçu cette décoration car elle n’a été remise qu’à 11 commandants de compagnies. Ernst Jünger pouvait arborer cette décoration car elle a été reprise en 1952 par la république fédérale d’Allemagne. Par la suite il lui à été même attribué la couronne royale, qui se fixe au dessus de l’anneau et qui est décernée pour les cinquante ans de la nomination de chevalier dans l’ordre. Inutile de rappeler qu’Ernst Jünger était le dernier récipiendaire vivant de l’ordre pour le Mérite. 
En 1919, au lieu de guerroyer dans les corps francs, il reste fidèle à l’armée. 

Ernst Jünger et la bataille de Cambrai

 
• 15-11-1917 : il est de repos dans la commune de Lécluse avec sa compagnie 
• 29-11-1917 : Il est mis en alerte pour participer à la contre attaque. 
• Dans la nuit du 30-11 au 01-12-1917 : Embarquement dans des camions en direction du village de Baralle. 
• Premières pertes durant le trajet : un homme fait tomber une grenade qui explose. 
• Il est mis en attente dans le parc du château de Baralle 
• 01-12-1917 : Il observe les tirs d’artillerie de 9h00 à 12h00 en direction du bois de Bourlon et du village de Mœuvres. 
• 01-12-1917 à 15h00, il reçoit l’ordre d’avancer au PC de combat du régiment situé dans l’écluse du canal. 
• Nouvelle perte dans sa compagnie : le canal est pris sous le feu de l’artillerie anglaise. 
• Il décide de faire bivouaquer ses hommes dans les champs le long du canal qui sont moins bombardés. 
• 01-12-1917 vers 23h00 : monté en ligne et prises d’ordres pour la contre attaque du lendemain « nettoyer le chemin du Dragon à six heures et de là, aussi loin que possible la ligne Siegfried » 
• Contestation de l’ordre car il est le seul à monter à l’assaut à six heures, les autres compagnies attaquent à 7h00. 
• 02-12-1917 à 7h00 : il attaque à la tête de sa compagnie, réussit à percer le front britannique et capture environ 200 prisonniers lors de violents combats à la grenade et au corps à corps. 
• 02-12-1917 vers 11h00 : il est blessé vers le village de Mœuvres puis dans l’après midi, il est évacué sur le village de Lécluse. 
• Pendant sa convalescence, il reçoit « l’Ordre de la Couronne de Hohenzollern » ainsi qu’une coupe d’argent gravée avec la citation « Au vainqueur de Mœuvres ». 

Orages d’acier et Bourlon 

 Dans le chapitre Prélude à la bataille de la Somme, il explique qu’il visite «… la scierie et le parc du génie dans la forêt de Bourlon …» 
 
Dans le chapitre La double bataille de Cambrai, il décrit l’assaut allemand sur le village de Bourlon et son bois : « … La forêt de Bourlon, qu’on n’attaquait pas de front, vu la force de ses retranchements, mais qu’on laissait de côté, disparut sous des nuages de gaz d’un vert jaune. … » 
Dans la suite du chapitre, il décrit son engagement dans la bataille.

Soldat Joseph Himmerreich

Soldat Joseph HIMMERREICH

 Il est décédé à Bourlon le 24 novembre 1917 mais compte parmi les disparus au combat.
 
Ce n’est que le 28 octobre 2006, 89 ans plus tard que ses restes seront retrouvés à l’occasion de travaux de terrassement.  
 
Joseph a été découvert au pied des restes du mur d’enceinte du château des Comtes de Francqueville sous une couche de 50 cm de terre. 
Cette partie du parc correspondait à l’époque au verger. A cet endroit se trouvait une verrière. 
Parmi les restes on été découverts des anneaux métalliques qui devaient être ceux d’une bâche et bien entendus des morceaux de verre. 
Joseph Himmelreich est mort le 24 novembre, au moment où les combats font rage. 
Ses compagnons l’ont certainement roulé dans une bâche et déposé là, pensant venir récupérer son corps par la suite. … Il ne sera inhumé que 90 ans plus tard !!! 
 
La plaque d’identification et la bague retrouvés avec les ossements ont permis d’identifier le soldat et de prendre contact avec sa famille. 
 
Le 26 novembre 2007, à l’occasion du 90ème anniversaire de la bataille de Cambrai, la famille de Joseph Himmelreich fait le déplacement et assistera à un office en l’église Saint Martin de Bourlon puis à l’inhumation des restes de Joseph Himmelreich au cimetière militaire allemand de Cambrai, route de Solesmes, Bloc N°4 - Tombe N°459.
 
A cette occasion la bague de Joseph ainsi qu’un bouton, retrouvé sur place seront remis à son neveu.

 

Manfred VON RICHTHOFEN

  •  Janvier 1917 : Le Baron Rouge prend le commandement de l’Escadrille N°11 

Manfred von Richthofen est né en 1892 à Breslau (Silésie). Descendant des Falkenhausen par sa grand-mère, il est originaire d'une famille de noblesse campagnarde.  
A l'âge de 11 ans ses parents l'inscrivent à l'école militaire. 
En août 1914 il est officier au 1er régiment de Uhlans. 
A la fin du mois de mai 1915 : il est muté dans l'aviation, son plus cher désir. Il sert d'abord comme observateur dans le ciel de Russie puis de Belgique avec l'escadrille "Les Pigeons Voyageurs". 
Le 1er septembre 1916, Oswald Boelcke, l'invite à rejoindre son escadrille, la Jasta 2 basée à Bertincourt.

Les 5 premières victoires de Von Richthofen auront lieu à Villers-Plouich, Beugny, Frémicourt, Equancourt, Ytres.
Janvier 1917 : les combats se multiplient, à sa 16ème victoire, il est à la tête de tous les aviateurs de chasse encore en vie et reçoit l'Ordre "Pour Le Mérite". 
Après avoir obtenu sa dernière victoire avec la Jasta 2 le 4 janvier 1917, von Richthofen reçoit le commandement de l'Escadrille n°11 qui est stationnée à Douai. C'est aussi à ce moment qu'il décide de faire peindre son avion en rouge. Son brave Albatros D.III ainsi qu'un Halberstadt D.II, deviennent rapidement célèbres sur le front. Rejoindre la célèbre escadrille du Baron Rouge allait devenir le rêve de tous les pilotes de chasse.  

  • Un ennemi loyal et généreux 

Il reste un ennemi loyal et généreux quand il le peut. Un jour qu'il vole seul, il pique sur un Vickers qui photographiait les lignes allemandes. Son attaque est si foudroyante que ses occupants n'ont pas le temps de réagir. Les deux hommes parviendront néanmoins à se poser avant l'explosion de leur machine. Manfred avait suivi la chute des anglais mais à 500 mètres son moteur le lâche brutalement, il ne peut atterrir que dans des barbelés à proximité de ses victimes dans un no man's land. Après une brève discussion avec les anglais venus à sa rencontre, il apprend que les britanniques le surnomme "Le Petit Rouge", amusé, Manfred les autorise à rentrer à leur base. Ce fair-play va naturellement le rendre sympathique aux Anglais.  

  • A 25 ans, symbole national du courage 

A 25 ans il compte plus de 50 victoires. Pour la chasse alliée, l'objectif est désormais d'abattre Richthofen, rebaptisé "Le Diable Rouge". Toutes les escadrilles anglaises et américaines se mettent à traquer le fameux triplan.  
Manfred von Richthofen est devenu le symbole national du courage, de l'initiative, du désintéressement et de la chevalerie, noble dans ses actes et ses motivations. Après sa 48ème victoire, il est appelé à Berlin pour une tournée de propagande et surtout pour y être reçu par le Kaiser. Mais avant de s'exécuter il prend son avion et décroche 4 nouveaux succès le 29 avril. En mai, le roi de Bulgarie Ferdinand, lui décerne la Croix de la Vaillance de 1ère Classe. Au mois de juin 1917 l'as des as se voit confier la 1ère Escadre allemande, Jagdgeschwader 1. Il commande à présent quatre Escadrilles, les Jasta 4, 6, 10 et 11. Son unité est stationnée près du château de Marcke en Belgique et sera plus tard rebaptisée "Escadre Freiherr von Richthofen" en sa mémoire.
  

  • Le Baron rouge et la bataille de Cambrai 

En novembre 1917, il venait d’être promu Rittmeister et les quatre escadrilles du secteur furent mises sous ses ordres. 
Pendant la bataille, les avions allemands étaient basés au camp de la Buse (actuel champ de tir près de la zone industrielle de Cambrai) et sur le terrain situé entre Beauvois, Bevillers et le Jeune Bois. 
Sa 62ème victoire a lieu au-dessus du bois de Bourlon le 23 novembre 1917. 
Il abat un DH5 piloté par le Lieutenant. J.A.V. Boddy du 64 Sqn RFC. Celui-ci est forcé d'atterir dans le coin sud-est du Bois de Bourlon. Le Lieutenant Boddy sera seulement blessé.  
Sa 63ème victoire a lieu dans le ciel de Mœuvres le 30 novembre 1917. 
Il abat un SE5a piloté par le Capitaine. P.T. Townsend du 56 Sqn RFC. Celui-ci mourra brûlé près de "Steinbruch Forest" (Quarry Wood pour les Britanniques).

  • Avril 1918 : funérailles du Baron rouge 

Le 21 avril 1918, Au moment même où il remporte sa 81ème victoire, Manfred est lui même touché par plusieurs balles.  
 
C'est l'Escadrille australienne n°3 qui a organisé l'enterrement du Baron, le 22 avril à Bertangles (Somme). 
Les soldats du RFC présentent les armes pendant que passe le cercueil porté par six pilotes officiers.  
La cérémonie d'enterrement est à la fois simple et grandiose avec officiers, sous officiers et soldats en grande tenue, salves d'honneur et couronnes mortuaires portant des inscriptions comme  
" A notre valeureux et courageux ennemi "...